Les explorations

Voyage en Nubie (1818-1819)

Cela fait un an que Linant est arrivé en Egypte avec le Comte de Forbin. Après avoir collaboré à la réalisation des panoramas d'Alexandrie et du Caire, il quitte la compagnie du Comte, qui le présente à Mohammed Ali avant de s'embarquer pour la France. Six mois d'activité au service du vice-roi mettent le jeune Linant en contact avec les nombreux Européens qui oeuvrent dans le pays. L'un d'eux, William Bankes, riche voyageur anglais qui a l'ambitieux projet de réunir une collection de dessins de tous les monuments d'Egypte, organise une expédition dans la Nubie aujourd'hui noyée. Il engage Linant comme dessinateur. Font également partie de l'expédition le consul anglais Salt et son secrétaire Beechey, le médecin italien Ricci, lui aussi bon dessinateur, et le grand Belzoni, célèbre pour avoir ouvert le grand temple d'Abou Simbel, un an auparavant.

Chateau de Tinareh (Linant)

L'expédition quitte Louqsor le 16 novembre 1818 ; elle est bientôt à Assouan puis à Philae, séjourne à Abou Simbel du 24 janvier au 17 février 1819, avant de gagner la seconde cataracte. Tandis que Bankes poursuit vers le sud avec le reste de la compagnie, Linant doit faire demi-tour vers Assouan pour accompagner Salt, malade. Son carnet de voyage s'achève le 13 mars à Philae. Il a exécuté plus de 60 dessins, une vingtaine de plans et coupes de monuments, un relevé topographique de la vallée du Nil.

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Expédition à l'oasis de Siwa (2 mars - 10 avril 1820)

 

 

 

 

 

 

 

Temple d'Oum Beidah (Linant)

Au début de 1820, le vice-roi d'Egypte décide d'envoyer une expédition militaire dans l'ouest, afin de soumettre à ses états l'oasis de Siwa. Celle-ci entretient une grande activité commerciale avec le Caire mais, protégée par l'immensité du désert, elle a su garder une indépendance que ses habitants défendent jalousement. Hassan bey est chargé de la conquête et Méhémet Ali accepte que Drovetti, l'ancien consul de France qui rêve depuis longtemps d'aller reconnaître dans l'oasis les ruines fameuses du temple de Zeus-Ammon, accompagne l'armée.Le docteur Ricci, Frediani et Linant font également partie de l'expédition.

Les voyageurs quittent le 2 mars le camp d'Hassan bey, où sévit la peste. Prenant une autre route que les soldats, ils suivent d'abord la piste des pélerins et rejoigent l'armée à Gara. Linant décrit longuement dans son carnet la courageuse résistance des habitants de Siwa et les négociations avec les conquérants. Il parle aussi de l'oasis et des moeurs de ses habitants et donne une description détaillée des ruines du temple d'Oum Beidah. Le retour vers le Caire se fait par une autre route, qui conduit les voyageurs au ouadi Natroun. Linant n'a pas oublié son rôle de dessinateur : douze de ses croquis serviront à illustrer le livre publié par E. Jomard en 1823, Voyage à l'oasis de Syouah.

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Voyage au Sinaï (septembre – novembre 1820)

Quelques mois après son retour de Siwa, Linant décide Ricci à l'accompagner dans le Sinaï : les deux voyageurs avaient projeté de traverser la péninsule depuis Tor, sur la côte ouest, jusqu'à Aqaba, au fond du golfe de la mer Rouge ; l'insécurité entretenue par les tribus les contraint à se contenter d'explorer la côte occidentale, jusqu'au cap Mohamed, à la pointe sud.

Les notes de Linant consacrées à ce voyage n'ont pas encore été retrouvées, et le journal de Ricci, un temps localisé, semble avoir disparu.

On sait cependant que tous deux ont décrit et dessiné le site de Maghara, célèbre pour ses mines de turquoise, et les ruines de Sérabit el-Khadim. On sait aussi que Linant, tombé gravement malade, a été sauvé par la présence et les soins de Ricci.

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Premier voyage au Soudan (15 juin 1821 – 24 juillet 1822)

Méhémet Ali a décidé de se lancer à la conquête du Soudan, contrée réputée riche en or et en ivoire et surtout en hommes, susceptibles d'être enrôlés dans l'armée. Dès le printemps 1821, l'armée progresse le long du Nil, entraînée par les deux fils du Pacha, Ibrahim et Ismaïl.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Femmes de Dongola (Linant)

De nombreux Européens l'accompagnent, notamment le Nantais Frédéric Cailliaud, qui découvrira ainsi, le 25 avril 1821, les ruines de Méroé, capitale mystérieuse du célèbre empire. William Bankes a préféré confier à Linant une mission d'exploration géographique et archéologique indépendante de l'armée. C'est une petit équipe de sept personnes, sans escorte, que Linant va conduire jusqu'au-delà de Sennar ; Ricci fera partie de l'expédition jusqu'en novembre 1821. Linant et ses compagnons quittent le Caire le 15 juin 1821, remontent le Nil jusqu'à Assouan, puis continuent leur route par voie de terre jusqu'à la cataracte de Wadi Halfa qu'ils atteignent le 29 août. Le 14 septembre, ils arrivent à Dongola. Linant se lie d'amitié avec l'officier albanais qui administre la région, Abdin cachef, et, grâce à lui, se procure une embarcation pour remonter le fleuve ; le 7 octobre, il découvre, un peu en aval de la quatrième cataracte, les vestiges d'une cité antique qu'il identifie formellement comme Napata. Il en décrit minutieusement les temples et les étroites pyramides, dominées par le Gebel Barkal.En novembre, Linant et Ricci, arrivés à Chendi, se séparent.

En décembre, Linant rejoint Ibrahim Pacha, qui le réclamait avec insistance, un peu au-delà de Sennar ; mais le prince, malade, doit rentrer au Caire. Linant poursuit sa mission en descendant le cours du Nil : il veut retourner à Chendi, où on lui a signalé des ruines importantes. En février 1822, il découvre en effet Moussawarat et Naga, précédant de peu Cailliaud. Les deux hommes vont se retrouver à Chendi, et leurs routes vont désormais tantôt se croiser, tantôt se confondre jusqu'à Assouan, qu'ils atteignent en juillet 1822. Au cours de ce voyage, Linant a encore considérablement enrichi son portefeuille de dessins : plus d'une centaine de vues de sites (Semneh, Amara, Soleb, Sedeinga, Gebel Barkal, Méroé, Moussaouarat, Naga), plusieurs aquarelles, des paysages, des portraits.

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La remontée du Nil Blanc (12 mars 1826 – 5 septembre 1827)

Après un séjour de quelques mois en Grande-Bretagne, Linant revient en Egypte avec un contrat de l'African Association qui lui donne mission de remonter le cours du Nil Blanc le plus loin possible. Quittant le Caire le 12 mars 1826, il est à Philae le 19 avril et franchit la deuxième cataracte le 13 juillet seulement, lorsque la crue le permet.

Il passe à Dongola le 28 août, repart de Chendi le 21 novembre et atteint Khartoum le 26 du même mois. Il a mis à profit ces huit mois de navigation pour recueillir une foule d'observations sur un pays qu'il a déjà eu l'occasion d'étudier quatre années plus tôt et que l'occupation égyptienne a profondément éprouvé. A partir de Khartoum, la première expédition envisagée est une reconnaissance entre le Nil et l'Atbara. Le 16 décembre 1826, Linant part du confluent du Nil Bleu avec le Rahad, à la tête d'une troupe de 22 personnes. La marche est rapide car le pays, insoumis, est aussi la proie des pilleurs. Le raid s'achève à Chendi, où le voyageur retrouve sa barque.

 

 

 

 

 

 

 

 

Négociants de Sennar (Linant)

Mais son équipage est décimé par l'épidémie de fièvres qui annonce la mauvaise saison, lui-même tombe malade. Une immobilisation de deux mois lui permet de récupérer des forces ; il tente alors de remonter le Nil Blanc. Après un mois de navigation difficile, il se heurte à l'hostilité des Shillouks et doit renoncer à poursuivre sa route au-delà du 11ème degré de latitude nord. Il se rend alors à Sennar pour tenter une négociation avec les tribus rebelles. Mais les pluies arrivent et Linant se replie sur Chendi, indécis. Il retourne visiter les ruines de Messawarat et de Méroé, et se résoud finalement à rentrer au Caire, avec l'espoir de reprendre sa tentative quelques mois plus tard. S'étant mis en route le 19 juillet, il arrive au Caire, épuisé, le 5 septembre 1827.

A la suite de ce voyage, la Société de Géographie de Paris décida d'organiser une souscription pour envoyer une mission au lac Tchad et aux sources du Bahr el Abiad. Elle en chargea Linant de Bellefonds. Le roi Louis-Philippe, la reine, le duc d'Orléans, la soeur du roi prirent part à la souscription. Les Chambres votèrent un crédit de vinst mille francs, mais les préoccupations occasionnées par la guerre de Syrie empêchèrent le Pacha de donner suite à ce projet.

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Voyage en Arabie Pétrée (23 février – 24 avril 1828)

Léon de Laborde et Linant font connaissance au Caire au début de 1828. Laborde, après avoir parcouru l'Asie Mineure et la Syrie avec son père, cherche un compagnon pour traverser le Sinaï et se rendre jusqu'à Pétra, que Burckhardt a redécouverte et identifiée en 1812.

Sa rencontre avec linant, qui possède plus d'expérience et connaît bien le Sinaï, est décisive. Les deux hommes quittent le Caire le 23 février 1828, atteignent Aqaba le 11 mars, non sans avoir pris le temps de dessiner plusieurs sites du Sinaï, en particulier Sarbout el-Khadem. A Aqaba, ils prennent contact avec la puissante tribu bédouine des Alaouins qui doit protéger leur marche vers Pétra. La caravane se met en route le 24 mars et, empruntant le ouadi Araba, parvient à Pétra le 27. Laborde et Linant se mettent aussitôt au travail et passent six journées à dessiner sans relâche la plupart des monuments. Chassés par une épidémie de peste, ils quittent Pétra le 3 avril et retrouvent la forteresse d'Aqaba le 10. Ils en repartent le 16 et se séparent quatre jours plus tard. Laborde souhaite s'attarder un peu dans le Sinaï et visiter le monastère de Sainte-Catherine avant de rejoindre Suez. Linant, lui, est pressé de rentrer au Caire : trois jours lui suffisent pour se rendre à Suez et une journée et demie pour gagner le Caire où il arrive le 24 avril. En 1830, Laborde publie à Paris un luxueux ouvrage intitulé Voyage de l'Arabie Pétrée par Léon de Laborde et Linant, illustré de 69 planches de dessins dont 14 sont dûs à Linant.

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Voyage en Etbaye (1831-1832)

L'exploitation des ressources minéralogiques du pays fut une préoccupation constante de Méhémet Ali.

Aussi, lorsqu'au cours d'une conversation Linant, évoquant ses voyages, lui rapporta ce que disaient les ouvrages anciens sur les mines d'or de l'Etbaye, le vice-roi lui proposa immédiatement d'y conduire une mission de prospection. Aucun Européen n'avait encore pénétré cette région désertique, située entre Nil et mer Rouge, aux confins de l'actuel Soudan, habitée par les tribus arabes encore insoumises des Bichariehs et des Ababdehs. Un premier raid conduit Linant de Korosko, qu'il quitte le 8 septembre 1831, jusqu'à Abou Hamed, au Soudan, où il espère rencontrer les principaux chefs Bichariehs concernés par son expédition. Les 400 km qui séparent les deux localités sont parcourus en 9 jours.

Ruines de Deraheib (Linant)

Arrivé à Abou Hamed, Linant apprend que le principal cheikh sur lequel il comptait a été convoqué à Khartoum ; il décide de rentrer au Caire afin d'alerter le Pacha. Deux mois plus tard, il entreprend un deuxième voyage, accompagné cette fois de son ami J. Bonomi. Ce nouvel itinéraire va les conduire d'Assouan jusqu'au gebel Elba, au bord de la mer Rouge. Le 16 février 1832, ils atteignent le site minier le plus important de la région, appelé Deraheib. Ils vont ensuite explorer les installations minières de la vallée de Chawanib puis se dirigent vers le massif de l'Elba, tenu pour sacré par les populations locales : Linant en tente vainement l'ascension, espérant élucider le mystère dont les indigènes entourent le sommet, où se dresserait une gigantesque statue proférant des oracles. Le 15 mars, la caravane atteint les rivages de la mer Rouge, terme de son voyage, et prend le chemin du retour en passant par la belle vallée de l'Hodeïn. A l'aube du 28 mars, les palmiers de la vallée du Nil sont en vue. Si le voyage n'a pas eu, au point de vue aurifère, les résultats espérés, Linant en a rapporté une moissons de relevés, d'observations minéralogiques, botaniques, zoologiques et ethnographiques dont il tirera, plus de trente années plus tard, un passionnant récit, témoignage unique sur une contrée encore méconnue.

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